SALAMANDRAGORE (le texte)
L'air est immobile
tiède
épais
comme le plaid
de la vieille-femme-fauteuil
aux cent mille chats
dorés mi-la-si-lents-si-eux
dont les yeux se tournent tout doucement
vers l'intérieur.
Ils ont l'air
immobiles
mais leurs corps langoureux
sont les doigts du Soleil
et la vieille pète et craque
comme du bois sec et mort.
ET LA FOULE DES FELINS FOUT LE FEU AU FAUTEUIL
Et la femme sans flamme
en son long crépuscule
se brûle
au braséro du ciel.
CHALEUR ! L'heure des chats.
MERCURE en érection
VENUS reste de glace.
ses longues jambes,fuselage liquide
plongent des pieds d'azur
dans le bassin des âmes impures.
Sa croupe-monde porte le voile des larmes
que filtre la toison d'or
menant à la naissance
d'un autre rêve
emmailloté.
SALAMANDRAGOREs
Je rêve de plus en plus fort
à la rencontre de l'Archétype
à l'article de LA Mort
....le LA absolu... le LA magique.
MERCURE grimpe
le versant nord des dunes
mer brûlée
sous un fauteuil d'Etoiles
en fusion.
Devant lui,
les ombres poussent des cris de terreur
tombées
dans les griffes des chats, manne
du désert de mon âme.
CHALEUR !!
Vieille femme, vieille flamme
nouvelle âme
apporte ton eau au brasier vivant.
Le silence du tombeau
à la voix des volcans.
Vieille femme
les bras de ton fauteuil
sont les serpents du ciel
qui dispensent la pluie
dans un bruit de tonnerre
....de BREST (souviens-toi Barbara......)
Pleure, l'air est mort
le souffle des Salamandres
consume la Mandragore
au cœur tendre...
.....comme un vulgaire tubercule.
MERCURE flambe,
joue, perd
épice
au cœur du désert qui le bat.
OUVRE LES YEUX DU SACRIFICE
un œil-bleu tourné vers l'Enfer
l'œil-de-fer scellé dans la chair.
OUVRE LES YEUX
OUVRE LES YEUX
OUVRE LES CIEUX.......
Le sang des chats
est un torrent de lave
qui miaule sa peur de l'eau
....et minet râle (Hé! Hé!)
CHALEUR !! C'est l'heure des chats
l'heure
brune.
L'air est un souvenir
perdu parmi les cendres
d'une vieille-femme-fauteuil
au plaid non coupable.
Dehors,
le temps est un cerceau en flammes
où vivent les Salamandres
repues de Mandragores
au cœur tendre.
Et MERCURE exécute
la danse de la pluie
sur un bûcher géant.
Troublée,
VENUS perd les eaux
et enfante la nuit
où tous les chats sont gris
de la cendre du jour
collée sur leur pelage
de bronze, ou de fer, ou de pierre,
je sais plus.........
Alors,
toutes les eaux des ombres
ressuscitent l'hymen du monde.
Des araignées-étoiles
tissent un rideau de pluie
devant l'abîme de mes pensées
et MERCURE aveuglé
chute sans un bruit.
CH.......UTTTTTTT!!!
L'air baguenaude
à nouveau
frais,
léger.
Une jeune vierge
à vélo
évite nonchalamment
les restes calcinés d'un fauteuil
aux cent mille symboles.
Les Salamandres osseuses fuient
sous les roues
aux chambres à l'air si pur.
Près de l'arbre aux chats
elle cueille la Mandragore
pour me la tendre.
......Et le cœur de mon rêve
lui reste entre les mains.
Texte écrit le 8 août 1997, lors d'une nuit caniculaire. Délire totalement assumé où, sur l'instant, j'ai cru avoir inventé le terme "salamandragore". Jacques Prévert en serait l'auteur original. Je l'ignorais à l'époque mais il est étrange de retrouver le poète au coeur de ce texte (souviens-toi Barbara...) Pur hasard, réminiscence ?...